Quand j’étais petite, il y avait un petit garçon dans ma classe qui s’appelait Félix : un ami super gentil et un élève modèle. Il avait des parents en or.
Comme vous le savez, à l’école, encore aujourd’hui, tout geste blessant ou parole agressive est réprimandé par la direction de l’école. Et l’élève fautif reçoit une sanction écrite nommée « code de vie ».
Félix avait une peur bleue des billets « code de vie ». Pour lui, recevoir ce bout de papier tant redouté signifiait qu’il serait étiqueté comme une mauvaise personne, un ami méchant.
Le début d’une spirale
Dans la classe et dans la cour d’école, il se faisait sournoisement bousculer par les quatre mêmes élèves. Tout le temps. Jour après jour. Il s’est tellement fait agresser qu’il a fini par croire qu’il le méritait.
Pourquoi se faisait-il percuter comme ça? Est-ce que c’était parce qu’il était une mauvaise personne? Parce que ses vêtements n’étaient pas au goût du jour? Parce qu’il se tenait avec les moins cools de la classe? À cet âge-là, c’est difficile de trouver les réponses par soi-même.
Félix n’est jamais allé se plaindre ni au personnel de l’école ni à ses parents. Ces derniers lui mentionnaient fréquemment l’importance d’être gentil et ils étaient fiers de lui. Cet aveu aurait risqué de changer le regard que les adultes avaient sur lui. Est-ce que tout le monde finirait par le considérer comme une mauvaise personne.
Et si la raison de cette intimidation était son attitude obéissante et désolée? Effectivement, sa timidité était un vrai terrain de jeux pour qui voulait bien se défouler. Félix n’a jamais osé se défendre, même pas hausser le ton, par peur de recevoir un billet « code de vie » et de décevoir ses parents.
D’ailleurs, tout au long de son parcours scolaire, il n’a jamais reçu ce bout de papier diabolique. Aucun avertissement. Aucune visite chez le directeur. Rien. Mission accomplie : il a été gentil, comme ses parents lui ont si souvent ordonné.
Et ça continue…
Aujourd’hui, Félix a 35 ans et travaille pour une entreprise en télécommunications. L’expérience difficile de sa jeunesse se poursuit : elle se reflète dans son milieu de travail et dans son couple. Il est incapable de s’affirmer, de mettre son pied à terre avec qui que ce soit. Même ses amis savent qu’ils peuvent toujours abuser un peu de sa gentillesse, au gré de leurs besoins.
« Sois gentil avec les autres avant tout. » Cette croyance est ancrée profondément dans son esprit. Mais à force d’être (trop) gentil avec les autres, il n’a pas appris à l’être avec lui-même. C’est d’une telle tristesse!
Que peut-on retenir de l’histoire de Félix? Qu’il faut apprendre à nos enfants à se respecter eux-mêmes, à respecter les autres et à se faire respecter. C’est bien différent que leur apprendre à être gentils et dociles.
Vlan! Ça y est : je viens de recevoir ma propre réflexion en plein visage. Je me rends compte que parfois, en disant oui aux autres, je me dis non à moi-même. J’oublie d’être gentille avec moi-même… Et vous, ça vous arrive?
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Éducatrice spécialisée en harmonie familiale